Carnet d'un Congé Solidaire ®

Découvertes des couleurs d'Haïti...
Par Matthieu Guiet, le 21 Octobre 2011
Nouvelle mission, nouvelle découverte d'un pays fabuleux ! La salle de classe dans laquelle j'enseigne les outils de bureautique à une dizaine de jeunes haïtiens domine la baie de Jacmel. Plages de sable blanc, mer des Caraïbes turquoise, végétation luxuriante... Cette île, la Perle des Antilles, aurait du être un petit coin de paradis... et pourtant, loin de moi cette vision idyllique...
Comment ce pays, qui s'étend sur la partie orientale de l'ile d'Hispaniola, a pu connaître un destin aussi contrasté comparé à sa voisine qu'est la Dominicanie ? Pourquoi Haïti, fleuron des colonies françaises du XVIIIe siècle a connu une telle décrépitude ? Pourquoi ce pays, qui fut la première république noire libre du monde, est passé d'une prospérité jalousée à une misère généralisée ?
Dès les premiers pas effectués sur le tarmac de l'aéroport Toussaint-Louverture de Port-au-Prince, je ressens la désorganisation d'un pays gangréné par les maladies et qui a été décapité le 12 Janvier 2010. L'Etat haïtien semble anéanti, son peuple livré à lui-même. Douanes, police, hopitaux, écoles publiques, distribution de l'eau, distribution de l'électricité, assainissement... tout semble inexistant... ou presque. Un pays mourant sous perfusion, voici bien malheureusement la première image qui se dégage de Port-au-Prince. Pays mourant telle la misère qui se dégage des bidonvilles de la périphérie de la ville ; pays mourant tels les gravats amassés en plein coeur de cette capitale suite au séisme de l'an passé ; pays mourant où survivent encore des milliers de sinistrés de la catastrophe dans des campements de fortune qui vont jusqu'à envahir le Champ de Mars dominé par un palais présidentiel ébranlé. Pays sous perfusion où se croisent et se recroisent une multitude de 4x4 aux couleurs d'ONG américaines et européennes ; pays sous perfusion où sont déployés les forces des Nations-Unis. Des casques bleus en Haïti ? Le pays n'est pourtant pas en guerre... Instabilité politique, séismes, cyclones, choléra, sida, rien ne semble épargner "Ayiti".
La douloureuse traversée de Port-au-Prince me sera longue, très longue. Sorti de cette agglomération, le 4x4 de l'ONG qui m'accueille se rend vers Léogane, doux nom de ville tristement célèbre pour avoir été à l'épicentre du désastre. 80 kms et 3 heures plus tard, nous voici arrivés dans la séduisante Jacmel. Jacmel, ville nichée entre les collines et ouverte sur la mer des Caraïbes, conserve les traces de son passé prospère à travers ses maisons de style coloniale, qui conservent elles-mêmes des traces de l'histoire récente puisque près de 80 % des habitations de la ville ont été affectées par le séisme. Connue pour son carnaval en février, Jacmel reste colorée tout au long de l'année grâce à ses nombreux artistes dont les peintures envahissent les murs et les galeries de la ville.
Déjà, de belles rencontres marquantes m'ont été possibles. Je pense à Jean-Michel, poète désabusé rencontré sur une plage de Cayes-Jacmel. Je pense à Rose-Marie, artiste peintre nouvelle égérie d'une campagne publicitaire pour un opérateur de téléphonie mobile. Je pense à Bou-bout, artiste habitant dans une cabane sur la plage de Jacmel dont le trésor est un livre de Titouan Lamazou dans lequel l'auteur a pu croquer ce peintre vagabond. Je pense à Maud, la restauratrice qui elle-aussi possède une cabane sur la plage. Je pense à l'équipage d'un "bateau pirate", bloqué à proximité de cette plage.
Je pense bien entendu à Philippe, coordinateur des missions Planète Urgence en Haïti qui m'a pris sous son aile. Parlant un créole parfait, ce lillois a tout quitté en France pour s'installer en Haïti et mener à bien les projets de l'ONG. A son actif, déjà près des 25 maisons qui ont été construites dans un village nommé La Montagne, dans les hauteurs de Jacmel, afin de reloger les sinistrés de la catastrophe. Aussi, des milliers d'arbres, fruitiers principalement, ont été replantés dans la même région dans le cadre d'un vaste projet de reforestation du pays. 2%... actuellement seuls 2 du territoire haïtien reste boisé...
Je pense également à mes collocataires, Amaya l'espagnole, Alex et Marie les québecquois. Tous militants et engagés dans différentes causes humanitaires, nous refaisons le monde chaque soir, une fois nos passionnantes missions de la journée terminées.
Je pense naturellement à Strauss qui m'accueille au sein de son association MHDR. Après avoir combattu la dynastie des Duvalier, Strauss se bat depuis plus de 20 ans contre le Sida. Un véritable fléau. Prévention contre la maladie, aide psychologique aux malades, hébergement des patients ruraux devant consulter à l'hopital de Jacmel, formation et réintégration des personnes séropositives dans la vie active, le champ d'intervention de cette ONG locale s'avère large. Plus de 1 500 adultes et 600 enfants ont, chaque année, recours à ses services.
Aussi, je pense à Evens, à Kettelie, à Lesly, à Lunédia, à Michenique, à Scherline, à Alberto, à Aquino, à Barbara, à Françoise ainsi qu'à Jean-Hervé-Gabriel qui sont mes élèves dans le cadre de cette formation. Pour eux, je suis maintenant Mesye Matye (M. Matthieu en version créole). Tous âgés de 20 à 25 ans et possédant déjà tous de bons acquis en bureautique, j'espère que ces 80 heures de cours leur permettront, malgré leur vulnérabilité, de pouvoir trouver un emploi dans ce pays dont le taux de chômage atteint près de 70 % de la population active...
De belles rencontres, une mission passionante, un pays à la fois surprenant, contrasté, coloré et attachant... Haïti, un combat ! Voici comment résumer les premiers jours de cette expérience... et faisons fi des préjugés !
Juste quelques secondes...
Par Matthieu Guiet, le 24 Octobre 2011
Juste quelques secondes... trois, peut-être quatre. Philippe et moi déjeunions sur la plage de Cyvadier lorsque la terre se mit à trembler. Un vrombissement sous nos pieds, nos verres et les objets meubles qui nous entourent qui commencent à osciller. Face à nous, la mer garde son calme, peut-être une ou deux vagues ont pu s'échouer sans ménagement sur la plage. Aucun dégat et aucune victime, bien heureusement. A quelques kilomètres de là, sur le marché de Jacmel que nous venions de quitter, un sentiment de panique a envahi la foule qui a eu pour réflexe de s'écarter des immeubles, déjà affaiblis, du centre pour se précipiter vers la plage voisine.
Il s'agissait des premières vibrations ressenties depuis ce désastreux 12 Janvier 2010 qui a détruit Port-au-Prince en 16 secondes et qui aurait fait près de 300 000 victimes. La population reste traumatisée. Chaque habitant a perdu un proche, une connaissance dans cette catastrophe.
Le blessure est si grande qu'il y a quelques mois, alors que des secousses ont pu être ressenties dans un lycée de la capitale, des étudiants, pris de panique, ont sauté de plusieurs étages, de crainte que l'immeuble ne s'effondre. L'incident fit deux victimes. L'origine de ces vibrations ne vinrent pas d'un choc tellurique, mais seulement d'un convoi de poids lourds qui traversa la voie...
"Nou gen anpil problèm nan peyi nou"
Par Matthieu Guiet, le 26 Octobre 2011
4h18 - Le soleil commence à se lever sur Jacmel. Les premiers rayons de soleil transpercent tel un glaive l'obscurité de la nuit. Obscurité totale. La sensation peut paraitre surprenante dans une ville. Il faut dire que le réseau électrique ne fonctionne qu'entre 14h et 2h du matin... quand il fonctionne. Cela va sans dire que cela pause quelques soucis à la population locale.
4h18 - La manécanterie des coqs, présents à chaque endroit de la ville, peut s'élever dans le ciel azur. Dans une heure, celle-ci s'effacera face à la chorale des chiens, puis à celle des klaxons des motos qui envahiront les rues, pavées ou non, de la citée.
4h18 - Un vétuste bateau de marchandise s'apprête à quitter le petit port de Jacmel. Réputé au XVIIIe, celui-ci fut le lieu d'amarrage de nombreux bateaux en provenance du Dahomey ou de Guinée ; et de bateaux à destination de Nantes ou La Rochelle dans leur périple du commerce triangulaire. Ce vieux baliseur de l'US Navy, bloqué depuis plus d'un mois, faute de carburant, j'avais pu le visiter accompagné de son équipage la semaine passée. A son bord se trouvera un passager clandestin. Jacques, alias Bou-Bout, l'artiste-peintre dont j'avais pu vous présenter précédemment, partira pour St-Martin, la prochaine escale. Après 27 ans passés en Haïti, il fuira un pays où un avenir désenchanté semblait se dresser face à lui.
Mes journées chargées ne me laissent que peu de temps libre pour profiter pleinement des Menus-Plaisirs des Caraïbes. Aussi nous décidons ce matin avec Amaya de rejoindre ses amis à 6h à la Plage de la Saline. Moment de détente, moment de découverte du massif corallien de l'île en snorkeling. Face à nous, la mer des Caraïbes et son camaïeu. Face à nous, seuls quelques pêcheurs posant leurs filets, harponnant les langoustines ou remontant leurs casiers d'homards. Retour à la réalité. AIDA, PU-MHDR, Croix-Rouge espagnole, Nations-Unies, nous devons reprendre nos missions à 8h. Face à nous, à quelques brasses de là, la plage et ses détritus, les maisons coloniales ébranlées, les camps des sinistrés et le bidonville de Wolf où vit une partie de mes élèves. En traversant ce dernier en moto, nous attirons les regards des écoliers dans leurs uniformes guère habitués à voir 3 humanitaires sur une même moto. Ah oui, ici, le blanc est humanitaire, le tourisme n'existe pas.
8h03 - J'ai juste eu le temps de me passer le corps sous l'eau douce avant d'entrer dans ma salle de classe. Tous mes élèves sont là. Le générateur électrique alimentant les ordinateurs est opérationnel. Hier nous avons terminé les cours de traitement de texte avec l'élaboration de leur CV. Lunedia m'apprend avec fierté qu'elle a déjà pu le distribuer avec l'espoir de décrocher un job. Chose non aisé dans un pays où le chômage atteint 70%. Chose non aisé quand on est orphelin et vulnérable.
8h03 - La journée commence et se terminera 10 heures plus tard, entre-temps j'espère que mes onze élèves auront acquis de nouvelles connaissances qui leur permettront de croire à un avenir un peu plus coloré...
Fin de mission
Par Matthieu Guiet, le 31 Octobre 2011
Jacmel. Fin de mission. L’évaluation passée par mes élèves s’est avérée positive. Les progrès réalisés durant ces 80 heures de formation ont été importants. J’ose espérer que ces nouvelles connaissances leur permettront de pouvoir décrocher un emploi. Sur les 11 bénéficiaires, j’ai noté que quatre pouvaient avoir des capacités à transmettre ce nouveau savoir. Cette mission fut la première d’une collaboration entre Planète Urgence et MHDR. Je fus même le premier volontaire de l’ONG à partir en mission en Haïti ! En décembre, deux autres compatriotes me succéderont. Je souhaiterais que ces 4 élèves puissent à nouveau approfondir leurs savoirs lors de cette prochaine cession. Il y a quelques années, Jules, que j’ai pu rencontrer cette semaine, était à leur place. Il m’avoua que lui-aussi pu profiter de formations similaires alors qu’il fut un bénéficiaire de l’association. Avec de la persévérance, c’est lui-même qui pu par la suite enseigner ces fondamentaux à de nouveaux enfants vulnérables. Jules gère maintenant la base de données de la Croix-Rouge Haïtienne. Je veux croire à une aussi belle poursuite pour les participants que j’ai pu former. Nous nous sommes promis de rester en contact. Création de boite emails, verre de l’amitié pris avec les salariés de l’ONG, ne manque que Monsieur Strauss lors de cette remise des diplômes…
De belles photos, de belles rencontres, la satisfaction d’avoir réussi à poser les jalons de cette nouvelle mission en Haïti pour Planète Urgence. Au-delà de ces images d’Epinal resteront gravées en moi de douloureuses scènes dans ce pays aux façades colorées. Je pense aux scènes de rues. Inavouables, inhumaines. Je pense aux scènes vécues au sein de MHDR : à la distribution quotidienne de riz provenant du P.A.M. (Programme Alimentaire Mondial) aux bénéficiaires vulnérables. Je pense également à cette femme enceinte à qui l’on annonce sa séropositivité. Je pense enfin à mon ami Strauss, qui a fondé cette association il y a 20 ans et qui vient en aide à près de 1 500 porteurs du VIH chaque année. Hier, exceptionnellement, Strauss n’a pas pu déjeuner avec moi. Une seringue contaminée a accidentellement piquée sa femme infirmière, engagée dans le même combat que lui. A croire que le sort hante l’ensemble des habitants de ce petit pays.
Quinze jours sont très loin d’être suffisants pour connaître un pays, connaître les gens qui y habitent, connaître sa culture, ses traditions… Mais ce premier aperçu m’aura été suffisant pour que je m’attache fortement à cette île aux contrastes importants…
Léogane. La Route de l’Amitié paraît bien abimée. Bitumée il y a quelques années par l’état français, cette route reliant la mer des Caraïbes à la capitale traverse la cité épicentre du séisme. Lézardée, crevassée, fissurée de toutes parts, je ressens ici encore plus le drame qui s’est produit il y a quelques mois. Autour de moi, des pierres, des gravats, des toits à terre, des maisons dont les étages supérieurs se sont effondrés sur les rez-de-chaussée. Des morceaux de tôles, des camps. L’horizon se remplit de tentes aux couleurs d’USAID, la Croix-Rouge Canadienne, la Coopération Espagnole, Médecins Sans Frontières… Tout du moins, ces couleurs de ces tentes, je ne fais que les deviner, car les différents cyclones et l’insalubrité générale les ont déchiquetées. Proposées lors de l’urgence aux sinistrés, ceux-ci n’ont toujours nulle part où aller. Des hommes, des femmes mutilés. Beaucoup. Soudain la route se fait de bonne qualité. Celle-ci a été réhabilitée par les organismes internationaux suite à la catastrophe. En réalité, sous mes pieds, sous ce macadam, se trouve l’un des plus grands charniers de l’Histoire récente…
Port-au-Prince. L’entrée est toujours aussi douloureuse. Il n’a pas plu depuis plusieurs jours. Une chance plutôt durant cette saison. Pourtant, les rues de la ville basse sont sous l’eau, où plutôt sous les eaux usagées des quartiers hauts de la ville. Transportés par ces flots : des détritus, des rats, le choléra. Au-dessus de cette misère et de cette poussière vont et viennent les effluves de cet immense marché à ciel ouvert où marchandises et marchands sont regroupés à terre.
Port-au-Prince – Palais Présidentiel / Cité Soleil. A terre, c’est leur point commun. Les blancs dômes du Palais Présidentiel sont toujours à terre. Les colonnes ioniques n’ont pas supporté les secousses du 12 Janvier. Au-dessus de cet immense ladure flotte le drapeau coloré de cette République, la première à s’être défaite du joug colonial dès 1804. Et pourtant, que de malheurs subis depuis. L’image de ce bâtiment à terre, nous l’avons tous vu, mais il en est de même pour les milliers de logements qui l’entourait. Pire, le ministère de l’Intérieur qui le jouxtait et dont pas un seul pan de mur n’a tenu. La destruction de Cité Soleil, quant à elle, n’a pas commencé ce 12 Janvier. Pour les populations de ce bidonville, la situation actuelle reste catastrophique. Des camps, toujours des immenses camps prennent place dans toute la ville. Du Champ de Mars aux pieds des pistes de l’aéroport, pas un seul espace n’est libre, tous occupés par des tentes, occupés par des gravats.
Port-au-Prince - Aéroport Toussaint Louverture. « Haïti n’existe pas ». Ce livre transcrivant une vision sombre du pays date de 2004. 2010 n’a fait qu’empirer la situation du pays. Où que nous soyons, qui que nous soyons, nous ne pouvons qu’être touché par ces milliers, ces millions de regards désabusés, sans horizon, ces milliers, ces millions de cœurs qui ne demandent qu’à survivre. Bien que parfois contestées et parfois contestables, les actions des organismes de solidarité internationale demeurent essentiel dans ce pays où l’état reste démuni. Aider les populations locales et renforcer leurs capacités et leur autonomie dans le cadre de leurs propres initiatives et projets, tels sont les objectifs des principales ONG. Croix-Rouge, UNICEF, Planète Urgence, à notre échelle, nous pouvons tous contribuer à soutenir l’aide internationale.
Alors que je procède à l’embarquement, la voix d’une hôtesse d’American Airlines propose à 5 volontaires de céder leurs places pour ne repartir que 2 jours plus tard en échange d’un bon de voyage de $800, puis $850, puis $925, puis $950. Mon sang ne fait qu’un tour. Zut, il s’agit du vol de Miami. De toute façon, j’ai ce soir une birthday party à New York City…
A découvrir, lire et relire !
Par Matthieu Guiet, le 10 Août 2015
Près de 4 ans après avoir effectué cette mission, "Ayti" et ses valeurs restent éperdument en moi. Je pense souvent aux personnes rencontrées à Jacmel : bénéficiaires, responsables d'associations, artistes, commerçants... Haïti est un pays en mutation et c'est toujours avec beaucoup de plaisir et curiosité que des nouvelles de Jacmel parviennent jusqu'à mes oreilles.
Grâce aux technologies actuelles (réseaux sociaux, messageries instantannées, etc.), je garde contacte et ai souvent des échanges avec les ex-bénéficiaires de cette mission. Ainsi, j'ai pu apprendre que Lunédia avait obtenu un poste grâce à la création de son CV, que Kettelie avait pu reprendre ses études suite à la reconstruction de son université et ses acquis en bureautique ou bien ou qu'Evens avait pu voir son projet de commerce aboutir.
Au cours de ce séjour, j'avais également pu rencontrer Marie Larocque, écrivaine - baroudeuse canadienne, avec qui j'avais pu échanger sur son expérience haïtienne. Marie, avec tout son panache, a vécu plusieurs mois avec ses jeunes filles à Port-au-Prince puis à Jacmel. Dans un livre plein de charmes et d'anecdotes qui est paru en début d'année, elle nous dépeint, avec son regard d'occidentale et son franc-parler, son quotidien d'aventurière en Haïti.
Ses expériences, si truculentes, sont tellement proches de ce que j'ai pu vivre à Jacmel que je ne peux que vivement vous le recommander !
Référence : Mémé attaque Haïti, Marie Larocque, VLB éditeur
Toujours plus de photos...
Par Matthieu Guiet, le 1er Novembre 2011
Juste un petit lien qui comporte une galerie complète de mes photos : photos sur Facebook









